Ce matin-là, à la machine à café, j’ai rencontré mes collègues Serge, Chris et François. Outre notre rôle de consultants en entreprise, nous partageons une certaine seniorité en matière de coaching. Ces coachs se sont révélés un peu perplexes. Et ce qui ne devait être qu’une simple pause-café s’est transformé en une sorte de petite révolution en matière de coaching.
Tout a commencé par l’histoire innocente d’une directrice commerciale. Elle a passé une année difficile au travail, pleine de malchance, d’échecs et d’objectifs non atteints. Chaque année, son entreprise organise une grande réunion des employés au cours de laquelle les succès sont célébrés, ce qui donne lieu à des vibes motivantes et de nombreux applaudissements. Pourtant, le CEO lui a chaleureusement demandé si elle était prête à raconter son histoire difficile au cours de cette même journée. Il lui a fallu du cran, mais elle l’a fait. Et elle sera la seule, ce jour-là, à tenir en haleine ses 200 collègues.
La sécurité psychologique, catalyseur ou bouc émissaire ?
Nous avons tous les quatre convenu qu’il s’agissait d’un acte de bravoure et que l’invitation chaleureuse du CEO était tout ce qu’il fallait pour que cette directrice commerciale franchisse le pas. Chez Beanmachine, nous prenons la sécurité psychologique très au sérieux, et c’est exactement ce que le CEO a fourni. Pourtant, en tant que coachs, nous avons eu du mal à gérer ce cas. Bien sûr, c’est bien… c’est même admirable de la part de ce CEO de laisser une place à l’échec. Mais nous ne pouvions nous empêcher de nous demander : et s’il ne l’avait pas fait ? La directrice commerciale aurait-elle gardé le silence ? En d’autres termes : il est certain que la sécurité psychologique favorise le courage, mais que se passe-t-il si elle devient également un bouc émissaire ? « J’aurais pu faire preuve de bravoure, mais je n’ai pas pu parce que mon organisation n’a pas assuré la sécurité ».
Conversations courageuses
Nous nous sommes donc servi une autre tasse de café et avons décidé de nous concentrer sur l’encouragement des actes de bravoure, qu’il y ait ou non une sécurité psychologique suffisante. C’est alors que nous avons été frappés : au cours de toutes nos années de coaching, les séances les plus précieuses – même si elles étaient rares – étaient celles où les coachés voulaient vraiment repousser leurs propres limites. Des professionnels véritablement prêts à relever leurs défis avec la tête, le cœur et les mains. C’est le cas de la directrice des ventes qui prend la parole. Dans le cas présent, son CEO a créé les circonstances propices, mais un coaching personnel aurait également pu lui permettre de monter sur scène. Pas avec l’approche classique du coaching, cependant, ce dont nous avons besoin ici… ce sont des conversations courageuses.
Ce matin-là, à la machine à café, nous avons décidé que telle devrait être notre mission : apprendre aux managers et aux coachs à accompagner les gens vers la bravoure. C’est loin d’être facile, ce n’est pas une approche 1-2-3, et c’est certainement aussi un défi pour le coach. Mais nous sommes convaincus que cet effort en vaut la peine, car la bravoure permet de mieux gérer son business !