Dans le domaine du leadership et de la prise de décision au sein des organisations, une discussion critique est en cours autour de la domination de l’éthique « masculine », caractérisée par des principes universels, la rationalité et l’accent mis sur les résultats. Mais peut-être est-il temps de considérer l’éthique « féminine » de manière tout aussi importante, qui met l’accent sur les approches spécifiques, relationnelles et axées sur les besoins ? Cette discussion est le fruit d’une table ronde éclairante qui a rassemblé des experts de divers domaines afin d’explorer l’équilibre entre ces deux perspectives.
La transformation de rigidité d’entreprise en développement personnel
Joris De Kelver, cofondateur de Multiversity, partage sa transition d’une carrière de deux décennies dans un environnement d’entreprise structuré à l’exploration du développement personnel et de l’art de vivre. Son parcours souligne le passage d’une approche traditionnellement masculine, axée sur l’efficacité et les résultats, à une approche plus équilibrée qui valorise également l’épanouissement personnel et l’intelligence émotionnelle. Ce basculement a été notamment provoqué par des pertes personnelles et une réévaluation de ce qui constitue véritablement un travail utile (plein de sens) et l’épanouissement personnel.
Le leadership intuitif et l’importance de prendre soin de soi et des autres dans un environnement familial et professionnel
Axelle*, People & Culture manager dans une grande entreprise familiale, souligne l’importance de l’intuition et du soin porté à soi et aux autres dans les rôles de direction. Elle établit des parallèles entre la gestion de la famille et le leadership dans les organisations et souligne à quel point des compétences telles que le feedback efficace, couramment appliqué en entreprise, sont également essentielles au sein des familles. Son approche représente un style attentionné, reflétant l’éthique « féminine » de l’attention portée à autrui, et qui favorise une communication ouverte et une compréhension mutuelle.
La perspective académique sur le leadership : faire le lien entre la théorie et la pratique
Karen Wouters et Kathleen Vangronsvelt débattent de l’intégration des connaissances académiques avec l’application pratique dans les rôles de leadership. Karen Wouters, qui possède une riche expérience de l’enseignement et de la pratique, plaide en faveur d’un mélange de rigueur académique et d’application dans la vie réelle pour le développement du leadership. L’expérience de Kathleen Vangronsvelt dans le domaine du comportement organisationnel souligne la nécessité de combler l’écart souvent important entre la connaissance théorique et son application pratique, en particulier dans la compréhension et la mise en œuvre de l’égalité des sexes dans les rôles de direction.
Le passage de la domination masculine vers un cadre éthique plus inclusif
On y aborde également les implications plus larges d’un cadre éthique dominé par les hommes dans les organisations, qui conduit souvent à des approches rigides et conséquentialistes qui se concentrent sur le plus grand bien pour le plus grand nombre. Le débat plaide pour l’inclusion d’une éthique féminine qui donne la priorité aux intérêts relationnels et spécifiques, ce qui permet de mieux répondre aux besoins individuels et à ceux des communautés.
Une remise en question du status quo en matière d’organisation et de leadership
La table ronde se penche de manière critique sur les modèles d’organisation traditionnels qui reflètent principalement l’éthique masculine, en s’interrogeant sur leur pertinence dans l’environnement diversifié et dynamique d’aujourd’hui. Les participants discutent de la possibilité pour les organisations d’évoluer en adoptant une éthique plus féminine, ce qui pourrait conduire à des pratiques plus holistiques et durables.
Le rôle de la perte personnelle et de la compréhension émotionnelle dans le leadership éthique
Les expériences personnelles vécues par Joris à la suite d’une perte et les connaissances émotionnelles qu’il a acquises jouent un rôle crucial dans sa transformation éthique. Ces expériences soulignent l’importance de l’empathie, des relations et d’un environnement soutenant pour favoriser un leadership éthique, et mettent en évidence la nécessité d’équilibrer l’éthique masculine et l’éthique féminine dans les domaines tant personnel que professionnel.
Transformation collective et individuelle : une voie vers un impact durable
La discussion s’achève en mettant l’accent sur le potentiel de transformation individuelle et collective des organisations. En adoptant une approche plus équilibrée de l’éthique qui inclut les perspectives masculines et féminines, les organisations peuvent créer des environnements qui favorisent un impact durable, un engagement accru des employés et des stratégies de résolution de problèmes plus innovantes.
Cette discussion à la table ronde représente un microcosme d’un mouvement plus large visant à repenser et à remodeler les cadres éthiques dans lesquels nous opérons, à la fois dans nos vies personnelles et dans les contextes organisationnels. En valorisant et en intégrant à la fois l’éthique masculine et féminine, nous ouvrons la voie à des pratiques décisionnelles plus équilibrées, équitables et bienveillantes qui peuvent avoir un impact profond sur nos sociétés et nos environnements de travail.
Les discussions et les révélations de la table ronde incitent à reconsidérer les paradigmes existants en matière de leadership et de prise de décision. En reconnaissant notre mortalité et les limites des approches traditionnelles, nous devenons réceptifs à de nouveaux paradigmes qui englobent mieux les complexités et les diversités de l’expérience humaine.
* a souhaité participer de manière anonyme à la table ronde